4 La classe financière de l’empire ottoman, en grande partie arménienne au xixe siècle, et, de ce fait même, l’élite dirigeante des Arméniens. Cette dernière est pendant tout le xixe siècle l’instance de validation des individus qui en dépendent. À partir de 1832, ils se dotent d’institutions et de bâtiments qui leur sont propres. Ce sont les Arméniens apostoliques, que l’on examinera ici, en raison de leur plus grande importance numérique mais aussi parce que les procédures d’identification des individus y, . Certes, ils se fréquentent dans le monde du travail, notamment auprès de Muhammad ‘Alî, nouent des liens d’amitié, mais ne s’épousent quasiment jamais, comme on le constate dans les registres de mariage des deux communautés jusqu’au début du xxe siècle. D’une certaine manière, les catholiques2 sont victimes de la meilleure formation de leur clergé : leur enregistrement est minutieux dès le début du siècle et ne change guère. De même, Nubar pacha, dans ses Mémoires, note que « le vrai Mohammed Aly (sic) est celui qui, en Égypte, a renversé toutes ces idées courantes en Orient, toutes ces manières de penser différentes de l’Europe ; qui a fait du chrétien l’égal du musulman » (Nubar pacha, 1983 : 13). La littérature arménienne en France – Que lire? De nouveaux registres sont adoptés. 2 Leurs archives, conservées au Patriarcat catholique du Caire, ne sont plus accessibles depuis plusieurs années. On estime aujourd’hui les Arméniens à peine à 5000 individus. Ce n’est que lors de son décès qu’il « retrouve » son nom de naissance, Siméon, car tous les actes le concernant dans les registres avant cette date le mentionnent par son nom d’usage, Emin Kiachif.

C’est le cas pour les Arméniens qui vivent à Boulaq et dans le quartier du Vieux-Caire, deux quartiers excentrés par rapport au « quartier » arménien mais à forte activité commerciale, Boulaq étant le port du Caire lié aux activités avec Rosette puis Alexandrie par la suite, tandis que celui du Vieux-Caire l’est à celles avec la Haute-Égypte. Ensuite, ils affichent leur réussite sociale au lieu de se conduire modestement. Ainsi les Arméniens catholiques contractent-ils des alliances avec des maronites (littéralement « de nation maronite », azkav maroni), des grecques catholiques (hoyn katolik), les Arméniens apostoliques épousent des coptes (khepti ou i khepti azké), des grecques orthodoxes, des syriaques. Tout d’abord, les enfants ne sont jamais rapportés à leurs deux parents mais à leur seul père, comme sur le modèle suivant, en 1828,  du baptême des « deux filles jumelles de Zadig, Héghiné et Dirouhi ». L’une d’entre elles en particulier, la wakâlat al-Silâḥdâr, est fréquemment nommée, sous la transcription vékialèt Silihdar. Le titre de mahdési ne se confond pas avec l’origine géographique de Jérusalem qui est indiquée sous la forme yerousaghematsi, comme on l’a vu plus haut avec l’exemple de mahdési Hagop de Jérusalem (yérousaghématsi mahdési Hagop). La présentation de soi est donc loin d’être figée, elle s’adapte à l’interlocuteur, elle intériorise en quelque sorte son code, sa langue, et ce, dès l’énoncé d’un élément aussi simple que le nom. , souvent en lien avec la situation sociale de leur père ou époux. Il tombe progressivement en désuétude au profit du terme catholique.
Le nom est un élément central de l’identification. Les Arméniens sont nombreux au Moyen Orient, où beaucoup se sont installés après avoir fui la Turquie. Par ailleurs, l’organisation des instances centrales y est précisée, de même que celle des pouvoirs dans les provinces (dont l’Égypte fait alors partie). Des liens multiples et étroits ont longtemps uni les Arméniens vivant en Égypte à Jérusalem.

On remarque cependant, malgré la rareté des informations les concernant, qu’elles effectuent également le pèlerinage à Jérusalem, qu’elles portent des titres honorifiques spécifiques comme ceux de. Il est vrai que les hommes adultes exercent quasiment tous une profession. Changer ), Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Les liens de parenté sont toujours notés, en arménien, avec une grande précision, et rapportés à un chef de famille ou de maisonnée dont on est alors frère, sœur, père, mère, beau-frère, belle-sœur, bru, gendre, nièce, etc.